Pour la mémoire de nos enfants

Dimanche 1er Avril 2012




Cela faisait un moment qu'on en parlait, de cette voie, et ça y est, c'est fait, la voilà tombée dans ma besace! Parmi toutes les voies que j'avais envie d'aller faire, il y avait "la Mémoire", voie ouverte en autres par le Gégé himself, et qui me proposait de m'y emmener, privilège exceptionnel puisqu'il n'y était jamais retourné depuis son ouverture. Pour la mémoire de nos enfants (TD+/IV/6c/230m), c'est une des plus belles voies des Calanques, et de tout le monde s'accorde pour dire qu'elle est vraiment exceptionnelle, avec des 11 longueurs toutes différentes les unes des autres. C'est aussi un challenge pour moi: 1h15 de marche d'approche, 8 rappels à tirer, des longueurs pas franchement rando non plus (5b+/6b/5b+/5b/6b+/6a/6a/6c/6a+/6b/6a+) sans oublier le retour à pied, tout ça début avril, quand les jours sont encore courts... Il ne va pas falloir traîner, d'autant plus qu'une fois engagés, il n'y a pas d'échappatoire dans les 7 premières longueurs...


Départ de bonne heure du parking du col de la Gardiole, le chemin d'accès au Devenson est vite avalé. Nous débutons par les 5 rappels d'Etat d'Urgence, avec ses deux beaux rappels en fil d'araignée. Puis nous rejoignons le départ de la voie du Baou Rouge et allons chercher la suite des rappels qui nous mènent au départ de la Mémoire. Pas de bol, ça commence bien, la corde termine à l'eau, relais inconfortable sur un rocher ultra-poisseux et rangement de corde mouillée, puis, nous sommes prêts à attaquer.

Gérard dans L1, déjà pas évidente, et ça n'est que 5b+...
Vu que l'heure tourne, Gérard me propose de faire le promène-madame: en me faisant tout passer en second, il espère que je ne perdrai pas de temps à pinailler. C'était compter sans le vent d'est qui a amené des embruns sur le rocher. Celui-ci se retrouve donc très gras et poisseux, ce qui, dans les deux premières longueurs en traversée, me font pour le moins beaucoup hésiter. La confiance n'est pas au top si près de l'eau, et je crains que l'escalade ne se transforme en une séance de deep water...

Moi-même dans L1... si proche de l'eau, je fais bien attention à ne pas ripper!
L1 passée le couteau entre les dents, il faut encore s'accrocher, L2 est du même acabit, le dévers en plus. Il faut avouer que sans cette satanée croûte de sel qui recouvre le rocher, les mouvements sont beaux et l'escalade esthétique au ras de l'eau! Mais ce qui est le plus extraordinaire, dans ces deux premières longueurs, c'est vraiment la sensation d'isolement complet, au ras de l'eau, le grand large derrière nous, tout ça aux portes de la deuxième ville de France!

Dans L2 en 6b... Ambiance maritime exceptionnelle!

Vue sur l'autre extrémité du cirque du Devenson, depuis R2.

Troisième longueur, changement d'ambiance: nous voilà dans une cheminée que l'on remonte en écarts, face au large et au dessus de l'eau... incroyable! La sortie de la cheminée traverse une boite aux lettres, il faut enlever le sac et ne pas être trop gros pour passer! L4 remonte un petit couloir facile, et ce qui nous attend est encore surprenant...

Gérard dans L5, une longueur toute en rondeurs sur un rocher étonnant
L5 est encore une longueur bien différente: encore une cheminée, certes, mais au lieu de grimper en opposition comme dans L3, ici, le grimpeur se transforme en coinceur géant! Le sac à dos, attaché au baudrier doit pendre sous les pieds, sinon ça ne passe pas. D'ailleurs, si les points peuvent paraître loin dans cette longueur, c'est parce que le grimpeur n'a pas trop de risque de tomber, coincé comme il est entre deux parois verticales!

En mode "coinceur géant"...
Relais dans une grotte après une courte traversée. L6 est encore très belle, bien raide, elle offre quelques beaux mouvements sur un bon rocher franc.

L7: une longueur en dalle!
Et après toutes ces longueurs raides sur grosses prises, voilà encore une longueur totalement différente des précédentes: L7 est une longueur en dalle. Au menu, adhérence et petites pincettes... facile! Ici, on rejoint la voie du Baou Rouge, mais alors que cette dernière repart à gauche et poursuit en dalle, la Mémoire part à droite dans une longueur extraordinaire: un 6c athlétique et déversant, dans lequel les prises poisseuses ne nous facilitent pas la tâche...

Gérard dans L8, il va falloir s'employer!

Dans le crux de la voie...
La suite déroule et ça tombe bien, puisque le jour commence à décliner. Là c'est sûr, ça sent le retour à la frontale!

Gégé dans L9, juste au niveau d'un pas de bloc

L9: très belle longueur en dalle raide à gouttes d'eau
A la sortie de L9

Après une L10 très courte, nous recroisons l'itinéraire de la voie du Baou Rouge et c'est parti pour la dernière longueur, un 6a+ absolument magnifique qui termine en toute beauté cet extraordinaire voyage dans la falaise du Devenson.

L11 et son curieux rocher: l'aragonite

A la sortie de la voie... L11 est tellement belle qu'on en ferait bien une douzième!


On s'en serait doutés, sortie de la voie à la tombée de la nuit... Et vous vous en serez doutés, évidemment sans frontale... On farfouille dans les buissons pour retrouver les baskets. Retour à la voiture à tâtons une bonne heure plus tard. 
Au final, moi aussi j'approuve sans hésitation: une des plus belles voies des Calanques que mon petit niveau m'ait permis de parcourir, et une entreprise à ne pas prendre à la légère: du temps, une bonne météo et une mer calme sont absolument impératifs! En tout cas voilà un bon dimanche bien reposant pour attaquer sereinement une semaine de boulot!

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